Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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ÇA SENT LA FUMÉE

23/09/2012

Partout en Amazonie...

 

Mais qu'est-ce que c'est que cette odeur ?

Dès que l'on circule, que l'on se retrouve en bordure de forêt (et l'on se trouve toujours en bordure de forêt...), Il y a ces feux qui vous piquent la gorge, toujours quelques panaches de fumée en vue, quelle que soit la direction où l'on regarde.

Septembre-octobre, c'est l'été équatorial, depuis deux mois les abattis brûlent. Le principe est simple : on défriche une parcelle de forêt, on abat chaque arbre y ayant poussé, on met le feu. Ce mode de production agricole, nommé génériquement « culture sur brûlis », c'est l'abattis. Cela n'est pas, dans l'esprit, sans rappeler certaines formes d'écobuage d'Europe du sud.

 

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Cela peut brûler plusieurs jours durant, selon la taille de la parcelle et la densité de la végétation. Mais pourquoi brûler et ne pas se contenter d'arracher, tout simplement ?

Pour deux raisons, essentiellement :

1. la terre amazonienne, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est très pauvre, sans cesse submergée et ravinée en saison de pluie. Le charbon de bois (et non la cendre !) l'enrichit d'une manière incroyable. Et si vous ne le croyez pas, tentez l'expérience, mettez du charbon de bois pilé sur vos radis, vous verrez...

2. les troncs à moitié calcinés sont laissés en place. Cela bloquera le ruissellement lorsqu'il pleuvra et empêchera la terre de disparaître.

 

Dans un an ou deux, la terre s'épuisant, on remettra le feu.

 

07-11-01-033---copie.JPGQui s'occupe de l'abattis ?

C'est l'homme qui a la responsabilité de permettre à son épouse de cultiver ce qu'il faut pour nourrir sa famille. Le manioc, les dachines, les pinda (arachides), les sorossis, les piments, les oignons, etc. C'est donc lui qui va abattre, abattre la superficie nécessaire, puis qui met le feu et le surveille. La femme, elle, va planter, arroser, sarcler, entretenir, récolter... l'abattis a besoin de soins presque au quotidien.

 

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Passé le début de la saison des pluies, l'abattis ne tardera guère à ressembler à cela...

Et dans trois à cinq ans il faudra défricher un autre abattis, celui-ci s'étant épuisé. Un dernier coup de feu et on le laissera, permettant à la végétation sauvage de reconquérir l'espace. Les Amérindiens pratiquent ce type d'agriculture depuis cinq ou six mille ans, les Businenge depuis trois cents, sans que la forêt en ait pâti. Développement durable... Cela existe ici depuis très... très longtemps.

 

 Mais il y a une autre raison à la multiplication des feux, de buissons ou de savane plutôt, ceux-là...

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C'est la saison des lézards !

Aucun amazonien, sauf parfois parmi ceux à peau blanche, ne saurait résister à la saveur de ce bel animal. Je vous renvoie à la recette de Papa Jopi, sur la page « Manger, déguster, se régaler !...» du présent (et excellent) blog. C'est pas de chance pour la bête. Lorsqu'un chasseur gourmand repère des terriers d'iguane, il met le feu autour et attrape sans trop de difficulté l'animal apeuré...

 

C'était juste histoire de vous faire « sentir » l'ambiance du pays...

 

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23/09/2012
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