Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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DÉVELOPPER L'ÉCONOMIE GUYANAISE OU ENRICHIR LES MULTINATIONALES ?

01/11/2012
Pétrole Guyanais : qui peut y croire ?
Une revue de presse iconoclaste
 
La Région Guyane organisait mardi 23 octobre dernier un forum sur les métiers du pétrole. Objectif clairement affiché : séduire les Guyanais en leur montrant qu'ils peuvent évoluer dans le secteur.
 
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Vous l'avez sans doute vue, cette belle affiche placardée par la Région à chaque carrefour où l'on peut lire « Êtes-vous fait pour travailler un jour dans le pétrole ? ».

Avant d'aller plus loin, il faut se remémorer quelques faits :

1. L'histoire de la prospection pétrolière au large de la Guyane n'est pas récente. Elle remonte aux années 1970 et aux travaux d'Elf au large de Sinnamary. À l'époque, le géant français encore contrôlé par l'État fait réaliser 2 forages de 850 mètres de profondeur sous 50 mètres d'eau. Les deux ouvrages sont alors infructueux.
Il faudra attendre 2001 et le rachat à la France par le pétrolier britannique Tullow Oil d'un permis d?exploration de 32 000 km² dans la zone économique exclusive pour voir se relancer la recherche d'or noir au large de la Guyane.

2. Les technologies et le contexte économique pétrolier ayant considérablement changé depuis les années 70, les recherches entreprises par Tullow Oil se focalisent sur une ressource ultra profonde sous 2000 mètres d'eau. C'est l'analogie des systèmes géologiques rencontrés au large du Suriname avec ceux du champ pétrolifère de Jubilee face au Ghana qui laisse espérer aux géologues pétroliers la présence d'une ressource exploitable renfermée par le sous-sol maritime guyanais.

Afin de valider cette théorie, la compagnie s'allie dans un premier temps à Gaz de France et mène une campagne de prospection sismique en mer au large de l'embouchure du fleuve Mana, dans un secteur profond de 1800 mètres baptisé Mata Mata. Au vu des résultats, les chances de rencontrer une ressource exploitable aussi bien de gaz que d?huile sont minces et Gaz de France se retire du projet.

3. Ce n'est qu'en 2009, au prix d'une campagne de prospection mettant en œuvre des techniques plus complexes et en créant un consortium avec Total et Shell, que Tullow Oil estime enfin ses chances de succès suffisantes pour s'engager dans la réalisation d'un puits d'exploration.

Aujourd'hui, la Guyane s?apprête donc à voir surgir une plate-forme de forage pétrolier à 160 km au large de Cayenne. Prévu d'être achevé en mai de cette année, le puits GMES-01 sera un forage ultra profond puisque sous 2050 mètres d'eau et à environ 4000 mètres sous le fond de l'océan. Les dernières hypothèses font état de réserves comprises entre 500 millions et 1 milliard de barils soit la quantité de pétrole produite à travers le monde en une dizaine de jours (ou encore 300 ans de consommation guyanaise au rythme actuel !). On comprend alors que le pétrole guyanais risque de passer inaperçu sur le marché mondial de même que dans l'auto alimentation de la France bien trop éloignée. Cependant, sa revente aux marchés voisins peut alors devenir une source de revenus sous forme de taxes pour les caisses de l'État et peut-être de la future Collectivité unique (nous y voilà ! note du Témoin).

Il faut espérer que la catastrophe survenue en mai 2010 sur la plate-forme de forage ultra-profond Deepwater Horizon, appartenant au groupe britannique BP, ayant entraîné une catastrophe écologique sans précédent (5 millions de barils rejetés dans l?océan et sur les côtes de Louisiane et de Floride), servira de leçon au futur exploitant de notre « pétrole péyi ». Par ailleurs, suite à cette expérience traumatisante, le gouvernement américain a pris, le 2 décembre 2010, la précaution de décréter un moratoire de 17 ans sur l'exploration pétrolière offshore, et la Commission européenne a invité les états membres à user de leur principe de précaution. Dans l'attente de la mise en place de ces améliorations juridiques, la Commission invite les Etats membres à user de leur principe de précaution à l'égard de tous les projets de forage, y compris exploratoire.

Source : http://www.une-saison-en-guyane.com/n%c2%b006/du-petrole-en-guyane/

 

« Nous avons souhaité organiser une véritable opération séduction ». Le propos est de Rodolphe Alexandre qui explique pourquoi la Région organisait hier un forum sur les métiers liés au pétrole. Durant une journée, les principaux acteurs de l'activité pétrolière ont rencontré le public, majoritairement formé d'étudiants ou de lycéens (faux, il y avait beaucoup de personnes en recherche d'emploi, qualifiées ou non, qui espéraient peut-être trouver un travail- note du Témoin), ces derniers amenés sur place par la collectivité (vrai. il fallait absolument, pour faire bonne figure devant les représentants des multinationales, réussir cette opération séduction- note du Témoin). Sur les    stands, le public pouvait aussi rencontrer les habitués des forums de métiers : Pôle emploi, Carif-Oref, Université, IUT... Travailler dans le pétrole, oui. Mais pour faire quoi ? Première chose à savoir : si exploitation pétrolière il y a, il faudra du personnel qualifié (faux, lire paragraphe suivant- Note du Témoin). Si certaines formations sont dispensées chez nous ou aux Antilles (licence de biologie, licence en génie civil, etc.), d'autres ne le sont pas.

À côté de ce personnel à haute qualification, il y aura d'autres métiers moins qualifiés pour permettre la vie sur la plate-forme : cuisine, maintenance, transport... Pour Bruno Thomé, directeur délégué de Shell en Guyane, il faut néanmoins que les formations lancées aujourd'hui soient « généralistes, si jamais nous découvrons qu'il n'y a pas d'exploitation possible ». Et cela, le consortium explique ne pas le savoir encore (ah bon ? Pas de business-plan projectif ? - note du Témoin).

Source : http://www.franceguyane.fr/regions/guyane/petrole-et-emploi-l-operation-seduction-de-la-region-142149.php

 

Ne nous leurrons pas : les retombées seront légères comme brises alizéennes pour la Guyane, en termes d'emplois induits. Comme pour l'installation du bagne, en d'autres temps ; comme pour le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais, il y a moins longtemps que cela. Comme pour l'accueil de la base et de l'équipe Soyouz, voici peu. Je vous renvoie à l'excellent ouvrage qui vient d'être publié chez l'Harmattan pour plus d'informations sur ces processus sodomisatoires du peuple : Installation d'un consortium + bienveillance des élus + quelques emplois de techniciennes de surface et d'agents de surveillance = ???

Mais combien ça rapporte ? et à qui, puisque ce n'est pas à la population ?

 
Petrole.jpg En guise de conclusion, voici un extrait d'un communiqué du Collectif Or Bleu contre Or Noir :
Nos élus [comptent] combler l'abysse du chômage en Guyane grâce au projet pétrolier, grâce à leurs amis de Shell, c'est en tout cas ce que l'on s'imagine en voyant toute l'énergie déployée pour attirer nos jeunes guyanais dans le mirage du pétrole. A moins qu'il ne faille prendre cette question au pied de la lettre, et que ce ne soit pour les sensibiliser d'ores et déjà à une éventuelle intervention dans le pétrole, au sens premier du terme, pour venir nettoyer les plages en cas de marée noire ?
 
Car en l'absence du principe pollueur-payeur, non exigé par les élus ni l'État, il se pourrait bien que nos jeunes goûtent aux joies de la dépollution plutôt qu'à celles de l'ascension sociale.
 


01/11/2012
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