Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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PAS TOUCHE À LA FORÊT -1-

24/01/2018

Libérons les rives de la Mana du peuple des Pécaris importés !

 

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J'ai lancé récemment un appel à écriture poétique à toutes celles et tous ceux dont l'arme suprême est leur stylo -ou leur clavier- et qui refusent un développement inhumain car destructeur.

Nous devons affirmer toujours plus fort notre attachement à la Guyane et notre détermination indéfectible à la protéger contre toute prédation, notamment celle des russo-canadiens qui veulent nous imposer la méga-mine de Montagne d'Or.

Quelques textes sont déjà arrivés, que je vous livrerai au rythme d'un par jour (dans la limite de ce que je reçois, si j'en obtiens suffisamment).

 Voici la première reçue. Ce n'est pas à proprement parler un texte poétique, mais plutôt l'expression d'une incompréhension face aux agressions dont ont toujours été victimes les peuples autochtones, auxquels il associe également les peuples traditionnels et d'autres...
J’ai le droit de le dire. Je suis Pécari.

Blanc, bouffeur d’ail, ma nuque a probablement la même odeur que celle de ce charmant Tayassuidé. D’ailleurs à chaque fois que j’en vois un, mon estomac gargouille. Je ne sais pas s’il accepterait de me prêter son corps pour nourrir le mien. Mais enfin, voilà. Je commence mal. Je cherche par la parole à m’intégrer dans un si joli pays que je vois de vraiment bien loin… et forcement, je maladresse : je raconte des trucs sans doute depuis longtemps surannés.

Ce que je vois pourtant, c’est qu’en 1846, environ deux cents Kali’na se sont retrouvé quelque part sur les rives de la Mana pour y ritualiser la question des européens. Deux cents ! Presque la fin du Monde. Certains venaient du Suriname. Trop de maladies, trop d’âpretés. Deux cents Kali’na se sont réunis pour traiter du problème des Blancs. Rituel raté. Ce fut un aveu de défaite… jusqu’en 1984 avec le relèvement des nations autochtones sur l’impulsion de quelques guerriers.

Il faut voir qu’en 2018, certains n’ont toujours pas compris à qui (ou peut-être qui) est cette forêt. On dirait bien que certains imaginent à cet endroit-là un night klube pour faire danser les jaguars au son du marteau piqueur. Ils ne manquent ni d’imagination, ni de déraison.

Le projet montagne d’or, c’est seulement 2% de rentrées fiscales pour la France, c’est 560 000 euros par emploi promis à la charge des contribuables, c’est un risque écologique qui n’est vraiment pas à prendre à la légère, notamment du fait de la proximité avec la Mana… surtout dans la nouvelle définition climatique qui occurre d’épisodes pluvieux et de sécheresses plus intenses. C’est aussi un gigantesque trou posé en plein pays Kali’na entre deux zones de protections biologiques intégrales. C’est encore inviter les garimpeiros et les trafiquants en tous genres : le marché du minerai, le marché du sexe, le marché de la drogue…  Là, planté comme ça, on n’est plus vraiment chez soi. On se demande vraiment pourquoi… Quoique… quand on apprend que selon certaines estimations les gains espérables sont inférieurs aux subventions promises...

Ces mecs à cravates sont vraiment des tayassuidés ! On ne va tout de même pas leur céder l’une parmi les plus belles forêts de France juste comme ça ! On ne va tout de même pas accepter l’expropriation, juste comme ça ! Cette terre de forêt c’est le pays de ceux qui y vivent ! Qui sont donc ces encravatés aveugles et brutaux qui s’imaginent être chez eux un peu partout ?

« Eh… dites donc, Messieurs-dames, pourquoi pas faire ces trous-là chez vous ? Après tout, charité bien ordonnée commence par soi-même, non ? »

 

La Guyane, c’est quoi ? Sans doute l’une des plus belles régions de France : celle où la diversité culturelle et humaine est la plus importante : six nations amérindiennes avec leur langue propre, six cultures du marronage avec leur langue propre, plusieurs cultures et communautés créoles, les Hmong, les Chinois Hakka, et d’autres parlant d’autres langues encore, et même le français ! C’est aussi une richesse floristique et faunistique exceptionnelle : un truc qui change vraiment du bocage urbain tel qu’on le trouve à Ottawa, Moscou ou Paris…

Je veux ici remercier les Aluku, les Ndjuka, les Paamaka, les Saamaka et autres Bosch, les Kali’na, les Lokono, les Palikur, les Teko, les Wayana, les Wayãpi, et toutes celles et ceux qui prennent soin de cette forêt, humains ou autres.

 

Juanito                           

 

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24/01/2018
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