Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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SOS GUARANI KAÏOWÁ : ILS PRÉPARENT LES CORDES POUR SE PENDRE !...

12/03/2015

Communiqué du Grand Conseil Aty Guasu Guarani Kaïowá

Source : Tereza Amaral

 

J'ai déjà attiré maintes fois votre attention sur les exactions dont ce peuple indien du Mato Grosso do Sul est victime de la part des grands propriétaires terriens et de leurs alliés politiques. Cette fois il semble bien que le bras de fer final soit engagé.

 

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Aujourd'hui, 12 mars 2015, à 14 heures, les délégués de la police fédérale ont confirmé l'opération judiciaire d'expulsion des communautés tekoha Kurusu Amba à Coronel Sapucaia dans le Mato Grosso do Sul (frontière du Brésil avec le Paraguay) par la police fédérale. Lundi prochain, 16 mars 2015, sur les 20 heures, aura lieu le massacre et la mort collective de 250 personnes (120 enfants et jeunes, 60 femmes et 70 hommes). Cette mort collective d’Autochtones a été décidée par la Cour fédérale de Ponta Pora dans l'affaire n°0001837-10.2014.4.03.6005.

Nous réaffirmons que nous avons décidé de résister dans notre décision et d’être tués ici, dans notre tekoha en maintenant l'occupation de l'ensemble de nos terres traditionnelles en résistant à la mort mais en organisant notre extermination collective si nécessaire. C’est la décision prise par les communautés et les dirigeants de l'organisation traditionnelle Aty Guasu dans Kurusu Amba.

C'est le moment des rituels d'adieu

Les guerriers font déjà les rituels d'adieu au monde et à leurs familles, convaincus qu’ils ne pourront pas sortir vainqueurs mais vaincus en luttant jusqu'à la mort contre une décision judiciaire injuste qui équivaut à un génocide judiciaire. Parce que si nous sommes expulsés nous serons rejetés au bord de la route BR (route nationale) ou nous mourrons comme là-bas en défendant nos terres. Si nous acceptons de rejoindre les réserves, nous mourrons aussi. Donc, nous n’avons pas d'alternative, pas plus de chance de vivre que de survivre. Nos deux principaux chefs spirituels traditionnels, qui ont vécu sur plusieurs décharges et enterré de nombreux enfants et petits-enfants (tués par la police ou les milices stipendiées par les grands propriétaires terriens, NdTémoin), ont décidé qu'ils ne quitteront pas, non plus, leurs terres. Ils n’ont plus la santé ni la force de faire face à une autre expulsion par la police. Alors tous préparent déjà les cordes pour se pendre et, lorsque les troupes de choc entreront ici, à tekoha, Kurusu Amba et leur suicide collectif permettra d'éviter la souffrance d’une nouvelle installation sur une décharge.

Nous avons demandé à plusieurs reprises aux communautés Guarani Kaiowá, puisque nous nous tuerons ici, d’y être enterrés et que nos corps ne soient pas enlevés d’ici, en Kurusu Amba. Ici, c’est notre vie, nous allons l’offrir à la Cour fédérale et au Gouvernement du Brésil.

 Enfin nous, dirigeants, et les communautés de la nation Guarani Kaiowá dans le Mato Grosso do Sul, la deuxième plus grande population originaire du Brésil (estimée à plus de 44 000 Indiens lors du recensement officiel de 2010, avons laissé des milliers de personnes condamnées à vivre comme réfugiés dans des camps après confiscation de la terre. [Nous sommes] fatigués d'être traités par l'État comme des étrangers dans notre propre pays et par la souffrance pendant des décennies du génocide de notre peuple. Nous poussons notre cri pour la Terre et la vie, pour le monde entende que c’en est assez de tellement d'injustice, d'impunité, d'abandon, de négligence et de cruauté. Nous déclarons très haut, face aux trois branches du gouvernement, notre décision finale de maintenir l'occupation de nos terres traditionnelles récupérées, d’honorer la mémoire et le sang versé par des centaines de chefs exécutés, et d’informer que nous allons résister jusqu'au dernier Indien dans nos Tekohas, sans peur face à la mort et l'extermination collective si nécessaire. Nous serons toujours  en lutte contre :


363.jpg1). Les décisions de la magistrature de la Cour suprême fédérale qui décide de nous reprendre nos Tekohas sacrés par l'application du délai inacceptable de 1988, refusant la résistance laïque notre peuple et ignorant l'histoire de l'usurpation violente de nos terres ancestrales dont nous souffrons depuis de nombreuses générations. Nous n’obéirons pas à ces ordres immoraux et illégaux d'expulsion judiciaire par les polices militaire, civile et fédérale, avec l'aide des milices des propriétaires et des entreprises de l'agro-industrie qui prétendent être propriétaires de nos terres ancestrales et malgré le fait que la Constitution fédérale a annulé tous ces faux actes. Assez de traiter nos enfants, nos femmes et nos aînés comme des ordures que l’on déverse sur la route, où nos communautés boivent de l'eau sale, meurent de la diarrhée, de faim et de froid sous les tentes de toile, se font écraser, sont abandonnés comme des animaux, sont violées et massacrées par des hommes armés qui agissent en toute impunité depuis des années ;

 

365.jpg2). Le défaut du gouvernement fédéral qui, depuis 26 ans, ne remplit pas son obligation de délimiter et de ratifier toutes les terres indigènes de notre peuple (la demarcaçao), qui ne remplit pas le rôle que la Constitution fédérale de 1988 évoque, cette loi, supérieure à l'article 231, qui reconnaît nos droits autochtones et imprescriptibles sur les terres traditionnelles et nous assure de leur possession permanente et définitive. C’est une honte nationale et internationale que la présidence, les ministères et la FUNAI, ne nous offrent pas de protection contre les violations des droits de l'homme, nient à des dizaines de milliers de Guarani Kaiowá les conditions minimales de survie physique et culturelle de la souveraineté alimentaire, de l'accès à l'eau et à l'assainissement, de la santé et l'éducation dans les différentes Tekohas de tout l'État. Nous rejetons les pupitres de négociation des droits coordonnés par le ministère de la Justice depuis 2013, le seul résultat a été la suspension des procédures administratives pour la démarcation de nos territoires qui dure déjà depuis des décennies et des années sans jamais garantir nos droits. Maintenant ce qui reste de la nature dans nos Tekohas est être totalement dévasté par les propriétaires fonciers et l'agro-industrie au nom de l'ordre et le progrès ;

 

3). Tous les projets et propositions de modification constitutionnelle du Congrès qui veulent réduire et mettre fin aux droits que nous, peuples autochtones, avons conquis par la participation populaire légitime à l'Assemblée constituante de 1987 et 1988, et principalement contre le PEC 215, combat que nous avons gagné en 2014 mais qui se trouve désarchivé (annulé) maintenant. Nous savons que la plupart de ceux qui prétendent être des représentants du peuple brésilien sont élus avec l'argent sale du financement privé des grands groupes de l'agro-industrie, qui veulent coloniser tout le Brésil et en finir avec nous et d’autres qui défendent et préservent la Terre. Ces politiciens « ruralistas » sont le groupe le plus puissant au Congrès, dont de nombreux membres sont également les propriétaires et les employeurs qui exploitent nos terres ici dans le Mato Grosso do Sul. Ils ont changé le code forestier en 2012 pour remplacer les forêts par des kilomètres carrés de monoculture du soja et de canne à sucre, pour promouvoir les OGM et les produits agrochimiques. Maintenant, ils veulent faire passer le PEC 215 pour avoir la décision finale sur la démarcation des terres autochtones, l’habitat traditionnel et les réserves environnementales, ce qui signifie pour le peuple Guarani Kaiowá que nous n’aurons plus  jamais droit de nos territoires et que nos enfants et petits-enfants seront condamnés à vivre à jamais comme des envahisseurs et continueront d’être pourchassés et tués par des hommes armés.

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Ainsi, les communautés guaranis kaiowás et réaffirment, et demandent à tous et toutes 

- de propager leur décision, de leur rendre une ultime visite et recueillir le dernier témoignage des communautés qui se trouvent en ligne de mire des armes lourdes sur les sites opérationnels de la police fédérale ;

- de communiquer en direction de toutes les entreprises brésiliennes, nationales et forces décisionnelles pour qu’elles enregistrent et de regardent le massacre Guarani Kaiowá par la police fédérale, le 16/03/2015, est d’insister afin que tous peuvent venir et filmer nos morts tués par la justice et le gouvernement du Brésil. Nous avons demandé à la police fédérale de tous nous tuer, de tuer les enfants, de tuer les femmes, de tuer les personnes âgées, de nous tuer tous ensemble. Cela, nous demandons à tous les organismes de presse de le divulguer.

364.jpgC'était elle ! voir mon article du 22 novembre dernier...248.jpg
 
 
 
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12/03/2015
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