Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

Il est de ces pratiques qui, sans être vraiment interdites, sont mal considérées, en Outre-mer. Pas seulement en Guyane, mais aussi dans les autres Drom[1] français. En des temps où une ministre guyanaise (faut-il la nommer ?) a pu faire passer au Parlement la loi permettant le Mariage Pour Tous, il est tout de même affolant de constater que l’amour entre personnes du même sexe reste furtif et clandestin dans notre belle région, avec un regard plutôt défiant mais sans trop de violence, om faut le préciser. Dans toute la Guyane, c’est plutôt l’indifférence qui prévaut, sauf dans certains cas – heureusement toujours rares – où la religion s’en mêle (s’emmêle ?) et vient monter la famille contre le jeune homme ou la jeune femme en question.

Aussi loin qu’il s’en souvienne, Ayden a toujours aimé les garçons et les hommes. Pour lui, ce désir se justifie par son existence même, appuyé sur des esprits Winti comme son Ampuku, originaire d’Afrique. C'est un esprit sylvestre et parfois aquatique, joueur (joueuse) et qui se plaît à se présenter comme mâle ou femelle. Il (elle) aime également à posséder et abuser l’Humain(e) dans lequel (laquelle) il ou elle s’est incorporé(e).

L'esprit qui habite notre jeune héros va s’employer à faire exister et à justifier chez lui pulsions et désirs, tout cela sans retenue. Ayden ne s’interdit rien, il se soumet sans réserve à ce que lui souffle son ampuku, depuis toujours perché sur son épaule. Comme il le raconte lui-même, chez tous jeunes gens, hommes mûrs ou anciens, « leur propre désir suffit à faire éclore le mien ». Soutenu comme il le pense par son esprit Winti, tout acte est légitime tant qu’il ne peut être qualifié de wisi (sorcier).

Nous l’avons précisé plus haut, Ampuku, s’il est Winti, reste cependant très joueur. Les tracas et les marasmes dans lesquels il va jeter notre jeune héros vont en être la preuve, jusqu’à mettre à diverses reprises sa vie en danger.

Provocation ? Non, telle n’est pas ici l’attitude d’Ayden. Il aime l’amour et les caresses, voilà tout. Mais il paiera souvent cher pour obtenir la possibilité de réaliser ses amours, dites parfois « déviantes ». La fin de ce livre verra jaillir de lui l’esprit de ses ancêtres Marrons, qui n’hésitèrent jamais à se mettre en danger en combattant pour acquérir le droit à une vie libre, pleine et décente.