Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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GUARANI KAÏOWA : LE DÉSESPOIR

22/11/2014

Meurtres + suicides = génocide

Sources : Tereza Amaral - Survival

Crédit photographique Teresa Amaral - Aty Guasu

 

 

248.jpgMarinalva Manoel, leader Guarani, a été assassinée après avoir fait campagne pour la terre ancestrale de sa tribu. Elle aurait été violée et poignardée à mort.  Son corps a été retrouvé sur le bord d'une route le samedi 1er novembre.

 Le mois dernier Marinalva a parcouru plus de 1000 km vers la capitale, Brasilia, avec une délégation de leaders guarani, afin de réclamer que les autorités remplissent leur obligation légale de restituer la terre aux Guarani avant que plus de leurs personnes sont tuées. Le Conseil Guarani, Aty Guasu, qui exprime les demandes des Indiens, a publié une lettre appelant les autorités à enquêter sur les assassinats, et proclamant, « Assez de morts kaïowas ! »

 « Nous mourrons pour nos terres », déclare la délégation d'Indiens Guarani à Brasilia le 15 Octobre 2014

Quarante leaders guarani ont parcouru plus de 1000 km pour aller à Brasília demander que les autorités cartographient leur terre ancestrale avant que d'autres de leurs parents soient tués. La délégation a exprimé sa consternation face à une récente décision de la Haute Cour qui, si elle était maintenue, serait un énorme revers pour la campagne des terres d'une communauté dont le chef de renommée internationale, Ambrósio Vilhalva, a été tué l'an dernier.

En réponse à l'échec du gouvernement à respecter son obligation légale de cartographier les terres des Guarani pour leur protection, les dirigeants ont déclaré : « Nous ne pouvons plus attendre que le gouvernement tienne sa promesse... Nous allons résister, et nous allons mourir pour nos terres ».

Cette résistance prend la forme de réoccupation des terres confisquées, qui se traduisent souvent par de la violence subie en retour. Mais les Guarani ne voient plus d'autre moyen de retourner sur leurs terres. Une communauté, Kurussú Mba, a été attaquée par des hommes armés à trois reprises... Ils ont depuis réoccupé une partie de leurs terres le mois dernier.

Les Indiens doivent maintenant faire face à une ordonnance du tribunal les menaçant d'une expulsion imminente.

 

Pour mieux comprendre (NdTémoin) : La démarcation (demarcação) des terres Indigènes est (théoriquement) en cours dans diverses régions du pays. Elle consiste à reconnaître les contours de la réserve, à en marquer les limites sur le terrain et la faire homologuer par l'Union (décret du Président de la République), l’enregistrer chez un notaire (au Brésil : Cartório de Imoveis) comme appartenant au(x) groupe(s) indigène(s) considéré(s).

Cette mesure est censée protéger les Indiens des exactions liées à la déforestation et aux brutalités liées aux expulsions. Malheureusement cela menace souvent l'activité de groupes (les grandes fazendas) ou d'entreprises scélérates et met en péril leurs intérêts particuliers. Très souvent les homologations sont contestées en justice (comme dernièrement lors de la tentative d’homologation de la réserve Raposa/Serra do sol, pourtant démarquée depuis 1998). Dans la majorité des cas, cela commence par des mesures d'intimidation, menaces, puis meurtres en série des chefs de tribus ou de leurs représentants.

249.jpgLes leaders guarani qui mènent campagne pour la démarcation de leurs terres ancestrales sont pourchassés, attaqués et tués par des hommes de main armés à la solde des éleveurs. Nombre d’entre eux ont reçu des menaces de mort. Selon la Constitution brésilienne, tous leurs territoires auraient dû leur être restitués depuis 1993.

Contraints de vivre dans des réserves surpeuplées ou dans des campements en bordure de routes, pendant que les éleveurs tirent d’énormes profits de leurs terres, les Guarani souffrent de taux alarmants de malnutrition, de suicide et de violence. Une récente vague d’expulsions menace d’aggraver encore leur sort.

Malgré de nombreuses promesses, les gouvernements successifs ne sont pas parvenus à résoudre la pire crise humanitaire du Brésil.

 Le témoin s'est déjà fait l'écho ici d'un certain nombre de faits de violence extrême. Vous pouvez relire quelques articles sur ce blog :

- Les articles dans la catégorie Brésil social...

- Le dossier Suicides en masse chez les Amérindiens

- Visiter le site http://www.autresbresils.net/

- Et aussi chercher, surfer sur Le Témoin en Guyane pour explorer les différentes catégories (Livres, par exemple)...

 Quelques chiffres

- En 2013 le nombre de suicides chez les Guarani Kaïowa a atteint le triste record de 73 ! Au total, de 2000 a 2013 on en dénombre 684 cas (recensés...).

- Le groupe Guarani (51 000 individus) est aujourd'hui quasiment privé de terres. De nombreuses communautés sont entassées dans des réserves surpeuplées, d’autres vivent sous des bâches au bord des routes.

- Quelques groupes sont véritablement menacés d'extinction : les Awá, qui ne sont plus que 450, les Akuntsu, 5 individus, les Kanoê, 3 individus... Ces deux derniers groupes ont survécu aux vagues de massacres perpétrés par les éleveurs et leurs hommes de main durant les années 1970 et 1980. Depuis, ils vivent entourés de grands fermiers (fazendeiros) hostiles.

- Pour finir, une anecdote malheureuse : un groupe ne compte plus qu'un seul individu, qui refuse tout contact. Nul ne sait à quelle tribu il appartient, ni quelle langue il parle...



22/11/2014
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