DRAME HAÏTIEN
03/05/2013
Les otages de la misère, toujours victimes
d'enjeux de bonne conscience
Il y a quelques jours survenait le naufrage d'une tapouille brésilienne à l'embouchure du Mahury, dans les environs de Cayenne. Deux corps (trois, selon les sources) ont été retrouvés, trois survivants capturés, les autres sont disparus, au total selon les témoignages des survivants, une vingtaine de personnes. Je leur souhaite de n'être qu'en fuite...
Le journal haïtien LE NOUVELLISTE, à présent en ligne, est une source très intéressante pour nous, en ce sens que nous y trouvons le point de vue d'un peuple molesté par les éléments et les circonstances, plutôt que celui des nations dominantes qui confisquent continuellement le développement de cet état, historiquement première république Noire de l'Histoire. Voici de quelle façon ce media relate ce fait (en aucune façon fait-divers !) :
Une vingtaine de compatriotes haïtiens naufragés
Auteur : Gérard Jeanty Junior
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=116272
« Un voilier ayant à bord une vingtaine de voyageurs clandestins, presque tous des Haïtiens, a fait naufrage, samedi écoulé, au large de la Guyane. Partie du Brésil, l'embarcation a fait naufrage.
Deux morts, quinze disparus et trois survivants, tel est, pour l'instant, le bilan du naufrage. Les trois rescapés sont deux Haïtiens et un Dominicain. Ils sont partis de la frontière du Brésil à bord d'un petit voilier. Ils ont voulu entrer en Guyane. Pour y arriver, ils ont pris le risque de s'aventurer sur une mer houleuse. Ils ont préféré braver le danger et défier les conditions météorologiques défavorables à la petite embarcation que de se laisser appréhender par la police, selon des médias guyanais. Selon les survivants, il n'y avait pas d'enfants dans cette embarcation, qui a quitté samedi après-midi la ville d'Oïapoque. Les recherches sont effectuées par la marine française et d'autres entités compétentes afin de trouver les autres disparus. Des moyens nautiques et aériens sont mobilisés à cet effet. « Ce drame jette la consternation dans la communauté haïtienne en Guyane. Cet évènement dramatique laisse sous le choc toutes les familles haïtiennes », a informé un jeune immigrant haïtien dans ce département français. « Tous les médias guyanais en parlent. Ils ont profité de cet accident pour alimenter actuellement le débat autour du problème de l'immigration clandestine en Guyane», a-t-il ajouté. Depuis quelques temps, les ressortissants haïtiens ayant immigré émigrés illégalement au Brésil se rendent en Guyane afin d'éviter une déportation. Ces migrants, qui évitent de tomber dans le filet des autorités de l'immigration brésilienne, ont pris l'habitude de traverser les frontières séparant les deux pays. Repoussés souvent par la police guyanaise, ils choisissent d'emprunter clandestinement la voie maritime ».
Ce qu'il faut noter :
Des laissez-passer après le tremblement de terre
En 2011, les Haïtiens qui se présentaient à la Paf (police aux frontières) à Saint-Georges pouvaient encore se faire remettre, s'ils souhaitaient demander l'asile, un laissez-passer valable trois jours. Ce délai leur permettait de déposer leur demande à la préfecture, à Cayenne.
Évidemment, tous ceux qui avaient un laissez-passer ne venaient pas forcément déposer leur dossier.
Quant à la disposition prévoyant de remettre des sauf-conduits, prise juste après le tremblement de terre de janvier 2010 en Haïti (plus de 300 000 morts) au regard de l'urgence humanitaire, elle a depuis été arrêtée.
Et puis il y a cette déclaration à la presse de notre national ministre de l'Intérieur, Emmanuel Valls, lors de son récent -et très court- déplacement en Guyane :
Alors que dans d'autres départements, les expulsions d'Haïtiens en situation irrégulière ont repris, elles sont toujours suspendues ici. Votre position ?
Elles doivent reprendre. La Guyane a été une terre d'accueil pour les Haïtiens et il y a un lien fort.
Mais maintenant, après l'accueil pour soulager ce pays ami, les reconduites doivent reprendre le plus vite possible. J'entends ce que disent les associations humanitaires. On va faire du cas par cas. Mais il faudra des dossiers fournis et consistants. On ne régularisera pas par principe. Ce sera une politique équilibrée.
L'on peut dire que là encore, l'équilibre est un point instable entre le basculement du côté de la paroi et celui du côté du précipice.
Le lecteur choisira son côté. Pour ceux qui nont pas le choix, plus dure sera toujours la chute...
Ci-dessus, une tapouille poursuivie par un Zodiac VCSM et le patrouilleur La Gracieuse.
Crédit photographique :
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