LA SAISON DES PAPILLONS
28/01/2014
Julia Lex
Quelle déception !
En quatrième de couverture, on peut lire : « La saison des papillons, roman initiatique, nous fait découvrir un des peuples les plus originaux qui soient : les Bushinengués. Ces Africains d'Amazonie, descendants d'esclaves ayant préféré les risques de la fuite à la certitude de la servitude, ont repensé et reconstitué une nouvelle Afrique au cœur de la forêt vierge.
C'est, sans le savoir, à la rencontre de cette société unique qu'une jeune femme embarque sur une pirogue, pour une remontée d'un fleuve où la magie et la philosophie sont omniprésentes ».
Quelle déception ! La littérature prenant en compte les peuples businenge étant presque inexistante, je me suis jeté sur ce livre aperçu sur un rayon de l'unique librairie digne de ce nom à Saint-Laurent du Maroni.
La lecture de la quatrième aurait dû m'alerter :
Première marque d'esprit paternaliste occidental : que veut dire Africain d'Amazonie ? Et que veut-on signifier lorsqu'on écrit que « ces peuples, adaptés au mode de vie imposé par la grande forêt pluviale, ont reconstitué une nouvelle Afrique au cœur de la forêt vierge » ? N'ont-ils donc pas été en capacité d'investir un nouveau territoire, de le ré-inventer pour sy adapter ?
Et puis on peut trouver dans ce bouquin, parfois, une ou deux phrases très new age et propres à « gourouiser » une pensée occidentale compassionnelle.
Exemple : « Ce n'est qu'au contact des autres que l'on prend conscience de soi. La culture de l'autre nous renvoie le reflet de notre propre culture. Seuls, plongés dans le bain obscur de notre culture, nous nous retrouvons impuissants, nous ne pouvons l'appréhender, nous en devenons presque aveugle. Heureusement que l'autre existe car, sinon, peut-être que nous n'existerions plus. [?] Détruis l'autre et tu te détruiras ».
Ou bien : « Sous ses multiples masques l'humanité est une et indivisible, en te donnant, je donne à tout le monde. Nos vies ne sont qu'interactions et échanges. Chez nous, un adage dit que tout ce que tu gardes tu le perds, et que tout ce que tu donnes tu le gardes. Il en est de même avec le Savoir ».
Ce ne sont là que phrases joliment tournées (et encore...) propres à être accompagnées par des musiques planantes et de belles images, comme tous ces spams diaporamas que l'on reçoit périodiquement dans sa boîte mail.
Autre escroquerie intellectuelle : Une femme blanche remonte seule le grand fleuve et, dans sa quête initiatique, comprend tout de la culture Businenge. Allons ! si c'était si simple, tout le monde, sur la planète, connaîtrait tout le monde.
Enfin, quelque chose encore m'a... agacé. L'auteure est donnée comme lauréate du prix littéraire du marronnage 2006, titulaire d'une maîtrise en droit des Affaires et d'un DESS scientifique. En outre, après un troisième cycle de sciences politiques « orienté vers l'Afrique », elle est rentrée en Guyane pour enseigner. Ouaouh ! Quel tableau ! Ce qui m'a agacé, alors ? une faute d'orthographe toutes les trois pages (tournures impropres, formules d'accord douteuses), une syntaxe avec concordance des temps parfois très bizarre. Le manuscrit a-t-il été relu ? Si oui, c'est encore plus grave.
Tout cela n'a pas empêché Julia Lex de rencontrer les « bons sauvages ». La décolonisation mentale reste à accomplir...
LA SAISON DES PAPILLONS, récit
Julia Lex
éd. L'Harmattan, 2009
ISBN : 9782296099425
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