LECTURE EN PERSPECTIVE
26/10/2017
Une actualité intense pour le témoin en Guyane qui voit trois de ses livres, parus récemment ou en instance de parution, à l'affiche des événements de ce mois de novembre...
Devoir marronner aujourd'hui dans l'espace des Guyanes, Joël Roy, éd. L'Harmattan
Présenté au club-lecture de Promolivres
lieu : Cayenne, encore à préciser
date : 7 ou 8 novembre 2017
En dédicace
lieu : librairie le Toucan, Saint-Laurent du Maroni
date : samedi 18 novembre 2017 9h-13h
De Valladolid en 1551 à la seconde abolition en 1848, puis du 17è siècle à nos jours, deux périodes, deux temps se superposent et s’entremêlent. Le temps de l’esclavage et celui du marronnage. Le premier est celui des maîtres, l’autre des esclaves. L’un est figé dans l’assurance qu’un dieu unique justifie l’horreur, l’autre est le mouvement suivi sur le layon de libération qu’ont tracé les esprits et les dieux emmenés avec soi depuis l’Afrique. L’abolition s’est faite, mais qu’en est-il du marronnage aujourd’hui ?
Le Marron s’est auto-libéré du joug du maître. Terreur et souffrance ne l’ont pas arrêté. Mais est-il outillé pour résister à l’emprise de la société actuelle, uniformisante ? Depuis la départementalisation de 1946, il faut résister encore.
Résister à l’assimilation, c’est refuser la dissolution dans un mode de vie où ses coutumes, ses dieux, ses esprits, n’ont pas de place, quand c’est en s’appuyant sur ces croyances mêmes que le Marron a forgé une société stable pendant trois siècles. C’est cette cohésion sociale qui est désormais l’enjeu du marronnage aujourd’hui.
La survie a un prix, les Businenge le savent. Un prix qui a ses ésotérismes, cachés derrière des règles qui se révèleront en expérimentation : tout d’abord la rigueur, la droiture, la complémentarité mais aussi la conjonction des contraires qui, dans la lutte, impose l’égalité. L’égalité entre les hommes, également entre les hommes et les femmes. Ces femmes qui, en marronnant, ont gagné leurs places cardinales dans la formation des sociétés nouvelles, sociétés matrilinéaires et matrifocales.
Les Abolitions, comme l'émancipation historique tardive, avaient pendant des générations été précédées par des marronnages, au Suriname surtout mais aussi en Guyane, suivis d'auto-libérations pour lesquelles les croyances africaines transposées – ou emportées et transmises – ont joué un rôle fondamental, unique, à l'échelle de plusieurs nations marronnes tout entières et de leurs milliers de descendants aujourd'hui. Un concept résume ces dynamiques psycho-sociales auto-émancipatrices et fortement magico-religieuses : c’est l’obia. Celui-ci est perçu par tous les Marrons comme système social en résistance perpétuelle contre l'oppression quelle qu'elle soit, physique, spirituelle ou culturelle. Cette dynamique magico-religieuse sera largement présentée dans le présent ouvrage.
La résistance et la créativité sont plurielles. L'heure est toujours à la décolonisation.
Nou gon ké sa, collectif d'auteurs, éd. Rimanay, nouvelle parution
présenté lors du Salon du livre de Cayenne
Café littéraire
jeudi 23 novembre 2017, 17 heures
Le 28 mars 2017 une grande marche historique a rassemblé, autour d’un même élan protestataire, des milliers de personnes toutes origines et classes sociales confondues. La communauté internationale a pris conscience des enjeux propres au territoire guyanais, tributaire de la métropole éloignée.
Un collectif de neuf auteurs installés en Guyane exprime dans ce recueil de nouvelles les inquiétudes, les colères et les joies qui marqueront à jamais cette période de quatre semaines de manifestations, de grève et de blocages de l’économie.
Vous découvrirez dans ce recueil une approche florilège des vagues de protestations et cernerez les racines du mal, les doutes et les espoirs en un avenir meilleur pour le peuple guyanais.
présenté lors du Salon du livre de Cayenne
Café littéraire
jeudi 23 novembre 2017, 18 heures
Que nous apportent les cultures traditionnelles ? Le plus souvent, elles nous laissent à observer une stratégie de croyances et de comportements codifiés qui, pendant plusieurs siècles de pratiques, a élaboré un véritable système de vie sociale et spirituelle. Chez les Noirs Marrons du Plateau des Guyanes, cela s’appelle l'Obia. Il est perçu comme un ensemble de règles en résistance perpétuelle contre l'oppression quelle qu'elle soit, dogme ou écritures.
Ces croyances et ces pratiques sont liées à l'environnement - à la connaissance des pharmacopées locales par exemple -, à une vision d'un monde à désaliéner et à délivrer constamment de la peur, de la honte et du mal sous toutes ces formes. Il s'agit donc bien d'un patrimoine commun.
Il ne reste alors plus qu’à s’interroger sur les contenus de cet héritage. On peut supposer que sont transmises les mêmes valeurs d’entraide et de solidarité intra-communautaire. Elles pourront, par contre, différer d’une société à l’autre : désigner un ennemi, fixer des tabous alimentaires ou des règles régissant mariages ou unions, etc. C’est ce qui définit la culture d’un peuple ou d’une communauté. La langue en est à la fois le conservateur et le vecteur. Mais elle ne suffit pas toujours à la perpétuation de la culture. C’est pourquoi les hommes ont eu, de tous temps, besoin de s’appuyer sur des mythes, souvent universels, et sur les légendes qui les véhiculent, pour garantir leurs savoirs et leurs enseignements : dans les contes et légendes traditionnels, le transgresseur est souvent cruellement puni.
Peut-on se libérer des préceptes venant du passé ? Peut-on s’affranchir du magique qui nous lie à ces enseignements ? Assurément non. L’homme et la femme moderne ne peuvent se couper sans dommage de tout ce que leur apporte l’héritage universel des autres cultures.
(Image de couverture : acrylique de Brigitte Day, collection personnelle de l'auteur)
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