ORPAILLAGE ET PETITES ESCROQUERIES ENTRE AMIS
02/08/2013
Rexma Vs Saül : ce n'est pas fini !
Source : http://www.guyaweb.com/suspicion-de-falsification-sur-le-dossier-limonade/
L'article ci-dessous est reproduit d'après celui publié sur le journal en ligne Guyaweb en date du 31/07/2013
Suspicion de falsification sur le dossier Limonade
Déflagration maximale déclenchée ce mercredi par Médiapart qui révèle qu'une « enquête a été ouverte par le parquet de Cayenne pour « faux et usage de faux » visant une manipulation des documents versés à l?enquête publique qui avait conclu en 2009 à un avis favorable au permis minier [Rexma sur la Crique Limonade] ».
Contacté par Guyaweb, le procureur de la République confirme cette information. « L'enquête a été ouverte début juillet. Nous avons été informés indirectement que les conclusions [d'impact sur l?environnement] auraient pu être remaniées pour qu'elles soient favorables à l'ouverture du permis » répond Ivan Auriel.
Entre les conclusions rendues par le bureau d'étude faunistique et floristique alors mandaté en 2008, Ecobios, et les conclusions écrites noir sur blanc dans le dossier fourni par Rexma à la direction de l?environnement, certains « grands écarts » sont constatés par le parquet, qui a mis la section de recherches sur le coup.
Des contre-sens incroyables
« Nous avons récupéré l'original et nous allons comparer les deux documents : il y a beaucoup de changements en faveur de la société Rexma » constate le procureur, « notamment sur la grande loutre. Dans le document original il est dit que l'exploitation met fin à sa présence et dans le document [remis par Rexma] ça dit que c'est favorable à l'extension de cette espèce ! Il y a un grand écart ! ».
Toute la question est de savoir par qui ont été falsifiées les données. Vers qui penche le doute ? « Ça peut être plutôt vers les services de Rexma » nous répond le procureur car « quand on monte un dossier de demande de permis, c?est Rexma qui donne les éléments [à la direction de l'environnement en vue de l'enquête publique] ».
Coup de grisou pour la société, que nous avons joint afin de nous entretenir avec le PDG. Il nous a été demandé par le secrétariat de formuler par mail notre demande, ce que nous avons fait au moment où nous publions cet article.
Le permis Limonade sent le gaz
Une source qui n'a pas fait connaître son identité et qui nous a contactés corrobore les propos du procureur faisant état de falsification, en estimant toutefois qu'il s'agit là d'une faute commise par la société minière : « Quand Rexma a fait sa demande de permis minier, ils n'ont pas récupéré toute l'étude d'impact de préconisation, ils ont enlevé tous les paragraphes notamment ceux des espèces protégées. Si Rexma avait mis tous les paragraphes liés aux espèces protégées du site, le permis n'aurait jamais été délivré ». Cité par Médiapart, Jean-Pierre Casas le PDG de Rexma s'inscrit en faux, « Je ne suis pas un expert mais il n'y a eu aucune distorsion dans ces études (...) Tout ceci a été coordonné par un gros cabinet d'ingénierie français, Burgeap ; c'est eux qui ont eu la responsabilité de ces travaux ».
« La région de Saül a longtemps été considérée comme l?une des plus riches de toute la Guyane en matière de faune et particulièrement en mammifères chassables » note l'étude d'impact sur le permis Limonade consultable dans les bureaux de la direction de l?environnement à Cayenne, dont nous avons pris connaissance. Plus loin, il est écrit « l'impact sur la grande et moyenne faune est jugé mineur ».
Cette enquête est de mauvais augure pour le dossier Rexma, alors que le Conseil de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques est appelé à se [réunir] en septembre en vue d'une éventuelle signature d'un arrêté préfectoral autorisant le démarrage de l'exploitation aurifère sur la crique Limonade.
Il s'agit là de pain béni pour les opposants au permis qui pourraient logiquement intenter un recours contre l'autorisation ministérielle qui a donné le feu vert aux travaux. Avec ou sans recours, si les enquêteurs concluent à une falsification des documents et débouchent sur une remise en question de l'impact réel d'une activité aurifère sur le milieu proche Limonade, le permis sera définitivement miné.
« Bon, ben d'accord »
L'enquête de Médiapart fait sauter un deuxième bâton de dynamite : de la bouche de l'avocat de Jean-Pierre Casas, Maître Benoît, cité par le journal en ligne, on peut lire que Jean-Pierre Casas et Alain Chaumet (actuel président du Medef Guyane NdTémoin) « se sont rencontrés par hasard », avant la publication prévue en janvier par la rédaction de La Semaine Guyanaise du fameux dossier faisant état d'une convocation par le tribunal correctionnel de Jean-Pierre Casas pour « tromperie, escroquerie et détournement de gages ». « Casas a dit : "c'est peut-être pas le moment de me tomber dessus" et Chaumet a dit "bon ben d'accord" », livre Médiapart donnant raison à la rédaction qui déplorait en janvier « une censure » par la direction du dit-dossier, ce dont cette dernière s?est toujours défendue publiquement.
Vendredi 2 août [ce jour], une audience en référé est prévue au tribunal de Grande instance dans l'affaire opposant le rédacteur en chef à la direction de l'hebdomadaire. Le Conseil des Prud'hommes ayant été saisi par le salarié en arrêt maladie qui, depuis « la censure », n'a plus touché de rémunération, tout comme le journaliste à l'origine de l'enquête.
Le débat relatif à une quelconque légitimité à la présence d'orpailleurs "légaux" plutôt qu'à celle des qualifiés d' "illégaux" trouve ici ses limites. Hormis le fait que les uns rongent le biotope avec le mercure et déplacent le cours des petites criques où ils interviennent, les autres le dégradent de même façon, déversant du cyanure au lieu de mercure, demandant des dérogations pour le dépassement des rejets de produits dangereux, le plus souvent accordées par des décideurs complaisants (politiques et administratifs confondus). En outre il n'a jamais été montré (à notre connaissance) qu'un opérateur minier observe l'obligation conventionnelle de réhabiliter l'environnement du site après abandon de son exploitation.
En tout état de cause, et jusqu'à preuve du contraire, les uns comme les autres dégradent l'environnement d'où les populations autochtones tirent leur subsistance (habitat, nourriture et lieux sacrés).
Le Témoin en colère
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