PAS TOUCHE À LA FORÊT -3-
26/01/2018
J'ai lancé récemment un appel à écriture poétique à toutes celles et tous ceux dont l'arme suprême est leur stylo -ou leur clavier- et qui refusent un développement inhumain car destructeur.
Nous devons affirmer toujours plus fort notre attachement à la Guyane et notre détermination indéfectible à la protéger contre toute prédation, notamment celle des russo-canadiens qui veulent nous imposer la méga-mine de Montagne d'Or.
Quelques textes sont déjà arrivés, que je vous livrerai au rythme d'un par jour (dans la limite de ce que je reçois, si j'en obtiens suffisamment).
La Guyane en examen
Affaire : Guyane vs projet Montagne d’or
Le Président : Accusée, levez-vous : La Guyane, vous êtes accusée de vouloir vous opposer à la politique de votre propre développement sans prendre en considération que cela est pour votre bien, la cour vous le rappelle. Vous êtes coupable d’insubordination. Le tribunal vous écoute. Quels sont vos nom, âge et profession ?
La Guyane : Je m’appelle Guyane, j’ai dix millions d’années, ma profession dîtes-vous ? Forêt primaire, Mère protectrice de toute la faune, la flore, les peuples qui vivent avec moi, j’ai le rôle de maintenir l’équilibre d’une partie de la forêt amazonienne.
Le Président : Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
La Guyane : Moi, Guyane, je suis le deuxième continent de la vie, la deuxième plus grande forêt après la forêt la plus vieille du monde, l’Australie, ma canopée filtre les rayons du soleil continuellement toute l’année pour permettre la vie, je suis le seul poumon de La Terre à ce jour.
Je mesure cinq millions cinq cent mille kilomètres carrés, je suis riche, très riche en biodiversité, car je transpire beaucoup, mon climat étant chaud et humide tout l’année. Pour exemple, sur un seul de mes arbres peuvent cohabiter quatre-vingt dix espèces de fourmis.
Je suis une grande dame, âgée aussi, mais aujourd’hui je perds de plus en plus mes capacités en tant que grand poumon de La Terre ; j’ai à protéger de nombreux peuples qui vivent de mes ressources et je dois combattre au corps à corps ces marchands de bois, de plantes, de gibiers, de fourrures, de peaux, ceci chaque jour. Je dois sans cesse renouveler mon apport en oxygène, en carbone pour alimenter mon immense forêt. J’ai besoin d’aide si je ne veux pas disparaître un peu plus... même si cela ne se voit pas au premier coup d’œil.
L’activité humaine des orpailleurs me défigure, me laisse des cicatrices et des plaies béantes que je n’ai plus le temps suffisant pour soigner et j’ai mal. J’ai mal, je souffre de ne pouvoir agir comme je le voudrais et de faillir à la mission que Dame Nature m’a octroyée.
J’aimerais tellement secouer tous ces parasites qui me polluent, vider mes eaux de ce mercure, faire disparaître ces pesticides que l’on déverse depuis des d’hélicoptères... Ne me dites pas le contraire je les ai vus, je les ai sentis ! Beaucoup de mes arbres sont morts de brûlures sèches en un instant. On n’en parle pas. Je ne me résous pas à abandonner, j’y emploierai mes dernières forces. Je ne demande pas l’aumône mais je ne refuserai pas l’aide que l’on pourra m’apporter car mon devoir est d’être un refuge pour ceux que j’abrite. Je sortirai mes atouts de combat pour défendre ma vie et toutes celles qui dépendent de ma bonne santé. Si on me menace, je menacerai.
Laissez-moi tranquille, il reste deux forêts primaires, que veulent donc ces prédateurs insatiables ? Détruire pour détruire ? Détruire pour de l'argent ? Oui, je me défendrai, oui, je m’insubordinerai, car je n’ai que faire de vos procès. Me battre pour ma survie ? J'y suis prête.
Je ne mourrai pas gratuitement.
Le Président : La sentence sera rendue, Guyane. Le projet « Montagne d’or » en cours de mise en œuvre ne démarrera qu'en fonction des nombreux enjeux dont il disposera.
Dany Lony
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