PERTE DE LANGUE, PERTE DE SENS
27/12/2014
Source : Tereza Amaral
Les 15 prochaines années, le Brésil court le risque de perdre jusqu'à 60 langues autochtones différentes, représentant 30% du total estimé des langues parlées par les différents groupes ethniques du pays.
De l'avis des experts consultés par Agence-Brésil, cela représente une grande perte pour les cultures autochtones et à la langue du patrimoine culturel mondial. Ils soutiennent également que les langues qui ont mis des siècles à se développer sont essentiels à la sauvegarde d'autres événements culturels, tels que les chants et les mythes.
Actuellement, seulement cinq d'environ 200 langues autochtones parlées au Brésil ont plus de 10 000 locuteurs. L'une d'entre elles n'a plus qu'un seul locuteur, qui vit isolé et refuse tout contact, deux autres langues en ont moins de cinq...
Les langues autochtones telles que le Tupi sont à l'origine d'importantes contributions à la langue portugaise-brésilienne. Durant les premières décennies de l'occupation portugaise, l'ancien Tupi était la langue principale de communication entre les Indiens, les Européens et une génération de Métis brésiliens qui commençaient à peupler le pays. Mais dans le milieu du 18ème siècle, cette influence a diminué lorsque le Premier ministre portugais, puis marquis de Pombal, a interdit l'utilisation et l'enseignement Tupi au Brésil et a décrété le portugais comme langue officielle. Il ya aussi des langues autochtones qui, par leur complexité et leur dynamique, ont fini par devenir objets d'étude et ont contesté certaines théories importantes de la linguistique, ainsi la langue Pirahã.
Bien que la Constitution garantisse une éducation différenciée pour les autochtones, avec les écoles pour affectées à l'enseignement de la langue native, un certain nombre de difficultés structurelles vient compromettre la qualité de l'éducation fournie : manque d'enseignants formés et manque de matériel didactique, par exemple. Ainsi, de nombreux jeunes sont scolarisés dans les écoles urbaines.
Le gouvernement affirme chercher à investir dans la formation d'enseignants autochtones pour s’assurer que la langue maternelle est transmise aux enfants dans les écoles. Le ministère de l'Éducation (MEC) affirme également qu'il a investi dans la recherche et la documentation sur les langues autochtones dans le but de concevoir du matériel pédagogique et de construire des écoles destinées à ces enseignements. Pour le directeur du Musée de l'Indien, cependant, la façon dont les écoles dans les villages sont structurées ne contribue pas à la préservation de la culture et de la langue de ces gens.
Le grain de sel du Témoin
Il pourrait être amusant de remarquer, si cela n'était pas si grave, que nous reproduisons en Guyane les mêmes erreurs, exactement. Si nous ne massacrons pas et ne réduisons plus en esclavage, nous continuons à défaire les populations minoritaires de leurs identités en les privant de leurs langues : le français langue d'enseignement, le créole guyanais seule langue régionale reconnue. Des écoles inadaptées, des enseignants sous ou mal formés, absence totale et refus de l'Institution de tout matériel didactique adapté. Quid alors des populations amérindiennes et businengé et de la dizaine de langues qui, selon le rapport Cerquiglini, sont parlées par des ressortissants français sur ce morceau de territoire de la République qu'est la Guyane ?
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