SUICIDES EN MASSE CHEZ LES AMÉRINDIENS, 1ère partie
Le suicide de Camopi a-t-il créé une prise de conscience de leur détresse ? Quelques vérités sont dites par certains aujourd?hui, qu?on aurait aimé entendre plus tôt : les amérindiens de la Guyane ont été oubliés dans leurs forêts. On a méprisé leur culture. On les a tenus à l'écart des échanges et du progrès. On les a subordonnés, précarisés, infantilisés. On a livré leurs espaces de vie aux orpailleurs du Brésil ou du Surinam. On les a empoisonnés. Il n'y a pas lieu de s'étonner que ceux qui doivent mendier à la République l'eau potable, l'électricité et le téléphone, comme tant d'autres services publics soient accablés et désemparés. Les causes étant connues, il faut s?entendre sur le remède.
L'ambition de nos élus, c'est de faire des amérindiens « des guyanais comme les autres », par assimilation. Le moyen est simpliste : il s'agit de désenclaver les territoires où vivent les communautés, et sans doute, de laisser faire le commerce. Le destin des amérindiens serait ainsi abandonné aux technocrates. Tôt ou tard en effet, par l'Ouest et par l'Est, les routes de bitume parviendront aux portes du Parc national, l'ex-pays indien, apportant avec elles le meilleur et le pire.
Suicide en Pays Indiens
http://www.okamag.fr/oka/32-Suicide_en_Pays_Indiens.htm
Photo de jeunes amérindiens Guarani suicidés par pendaison (en moyenne, un par semaine). Cette photo est dure mais c'est cela, la réalité d'un suicide par pendaison, car le mot suicide seul ne « parle pas » sans support visuel. Cette photo, nos frères Guarani du Brésil, ont demandé à l'organisation Survival de la faire connaître au monde entier pour mieux faire connaître leur situation.
Nous, Oka.Mag', nous ne faisons que prolonger cette information à l'heure où la guyane aborde timidement la question du suicide chez les jeunes en général. Nous aimerions, nous aussi, rappeler au monde entier que le taux de suicide chez les jeunes amérindiens est beaucoup plus élevé que chez les jeunes non amérindiens. Pourquoi ? Tout simplement parce que les peuples amérindiens souffrent du traumatisme de la dépossession et de la sédentarisation forcée. Ils se trouvent dans un environnement auquel ils ne sont pas habitués, où ils n'ont rien à faire d'utile et où ils sont traités par leurs nouveaux voisins avec mépris et racisme. La violence domestique et les abus sexuels sont fréquents. Nos enfants sont séparés de leurs communautés lorsqu'ils sont envoyés dans des pensionnats où leur langue et leurs traditions sont souvent ridiculisées, voire interdites. Exclus et sans espoir, ils s'adonnent à la drogue ou à l'alccol, beaucoup en viennent au suicide. Nous vivons et voyons cela régulièrement içi en Guyane où la situation est exactement celle-là (dépossession, acculturation...) mais ce n'est pas cette analyse que vont vous présenter les spécialistes... Européens ou locaux.
Où l'on voit bien, ici, qu'il s'agit d'un problème global, qui gagne peu à peu toutes les communautés amérindiennes, puisque les Guarani sont pour la plupart au Brésil dans l'Etat du Mato Grosso, mais aussi dans les régions amazoniennes du Brésil, d'Argentine et du Paraguay. Une autre composante de leur désespoir tient dans le manque de confiance de la communauté amérindienne dans la réelle volonté des institutionnels à vouloir les aider, voire les soutenir. Auraient-ils de bonnes raisons à cela ?
A suivre...
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