DANS TOUT LE BRÉSIL, PENDANT LES FÊTES, LE GÉNOCIDE INDIEN CONTINUE
29/12/3015
Sources : Teresa Amaral,
Traductions : Joël Roy
Ils mourront.
Pendant que nous essayons de trouver pendant ces fêtes un semblant de sérénité, eux vivent jour après jour, depuis des mois, depuis des années, des situations extrêmes d'angoisse sous le feu des grands fazendeiros qui les ont spoliés de leurs terres, l'intoxication par les pesticides largués par avion sur leurs villages, les meurtres pas des bûcherons illégaux ou encore la submersion de leurs terres ancestrales par les grands barrages. À Belo Monte, par exemple, les expulsions sont en cours, malgré les protestations unanimes des ONG du monde entier.
C'est pour cela qu'ils mourront.
De plus, aux exactions et des crimes dont ils sont victimes, vient s'ajouter notre indifférence. Nous les aurons tués une seconde fois.
Exemple 1 : État du Maranhão, 20 décembre :
Deux Indiens Ka'apor abattus dans le dos par des bûcherons illégaux, quatre autres sont portés disparus.
D'après un reportage de Teresa Amaral
Photo : Bruno Kelly/Greenpeace
J'attirais votre attention en novembre dernier sur les incendies allumés par des bûcherons dans l'état du Maranhão(voir ici). Avec l'impunité dont ils jouissent de la part des pouvoirs publics, le procédé s'est étendu à d'autres terres d'autres tribus.
18 déc. 2015 : les Indiens Ka'apor sont parvenus, après une dizaine de jours, à maîtriser le feu sur leur territoire Alto Turiaçu.
Le dimanche (20) matin, les bûcherons se sont trouvés devant l'une de leurs stations, fermée par les Indiens. Pour continuer leur exploitation illégale du bois, les bûcherons ont construit un pont sur la rivière Turi. Les Indiens ensuite mis le feu à un camion, deux motos et capturé sept non-indiens à livrer aux autorités. L'un d'eux s'est échappé et a prévenu les autres bûcherons de son village.
Les fazendeiros pulvérisent de l'agent chimique sur les Kaïowá.
Filmé par un chef indigène, l'épandage de produits chimiques sur le camp Tey'i Jusu, un groupe ethnique Kaiowá.
«Les agriculteurs de la région déversent des pesticides sur les populations. Sous le poison vivent des enfants, des personnes âgées, des personnes d'origine indienne Kaiowá qui essaient de vivre leur culture et de produire leur alimentation en paix sur leur territoire ancestral ».
Une lutte ancienne
Évacuation et déplacement des populations
Extrait du reportage d'Eliane Brum, le jour où ma maison n’était plus un chez moi.
Photo : Laura Sobral, postée le 27/12/2015
Ma maison, ma vie en faillite
L'ensemble des logements de belo monte : une population qui auparavant vivait au bord de la rivière y est à présent reléguée dans un cul-de-sac de misère.
« le pêcheur ne se reconnaît plus dans le monde, ne reconnaît plus le monde autour. Il était riche, et maintenant il est pauvre, misérable. À l'intérieur de la « maison » du quartier portant le nom pompeux de « Réinstallation Urbain Collectif (Ruc) », il écoute de nombreuses fois par jour le bruit des voitures qui passent, apologie des faveurs de Belo Monte.
Souvent, il entend que l'hydroélectricité est une énergie « propre et durable », alors qu’à l'intérieur de sa famille on meurt de faim. Ce n’est pas une expression, c’est la faim, celle qui fait mal. Dans son frigo, il n'y a que de l'eau, et on s'attend que l'un des enfants revienne à la fin de la journée où il s’est loué pour 60 réals dans la construction civile, pour nourrir neuf personnes. Son plus jeune fils a eu 7 ans ce jour-là. Il n'y a ni cadeau ni nourriture. Mais l'énergie, c'est « propre et durable », ce n'est pas ce qu’on pense là-bas, dans le centre-Sud ? »
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 93 autres membres