FORAGE EN GUYANE (1)
05/07/2012
Du pétrole a été récemment découvert au large de la Guyane. Cette découverte, au-delà de l'effet d'annonce, soulève un grand nombre d'interrogations et de réflexions :
- Ce forage ultra-profond a été réalisé dans des conditions particulièrement difficiles, essentiellement à cause du courant marin exceptionnel qui existe le long du plateau des Guyanes.
- Quatre nouveaux forages d'exploration sont prévus en 2012/2013, ainsi que plusieurs campagnes sismiques.
- Après la catastrophe de Deepwater dans les eaux du Golfe du Mexique et celle au large du Brésil plus récemment, cette course au pétrole au profit de multinationales doit nous amener à un questionnement : pourquoi les citoyens ne sont-ils pas consultés sur cette question ? La Guyane doit-elle poursuivre ce mirage économique que constitue l'exploitation off-shore et en assumer les risques ? La survie de l'humanité dépend dès aujourd'hui de sa capacité à effectuer une transition énergétique, à limiter le réchauffement climatique, et à préserver la biodiversité.
Donc... c'est parti ?
« Les travaux de forages pétroliers au large des côtes de la Guyane française commenceront la semaine prochaine », a affirmé samedi à l'AFP le directeur délégué de Shell en Guyane, Bruno Thomé.
La compagnie pétrolière Shell a reçu vendredi les autorisations qu'elle espérait pour démarrer une campagne de forages controversée au large de la Guyane, après un imbroglio qui semble avoir coûté son maroquin à l'ex-ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Nicole Bricq.
Shell va débuter ses travaux « la semaine prochaine », a déclaré M. Thomé. « Actuellement, nous sommes dans une phase préparatoire aux travaux de forage, notamment la vérification et la mise en service du matériel », a-t-il ajouté. Selon lui, le navire de forage Stena Icemax est arrivé sur la zone de forage mardi. « Sa destination n'a pas été modifiée, notamment parce qu'il fallait relever une partie de l'équipage », a précisé M. Thomé.
La compagnie a reçu vendredi officiellement la version des deux arrêtés préfectoraux signés mercredi par le préfet de Guyane. Ils l'autorisent à lancer une campagne de forages exploratoires au large de la Guyane, et à mener d'ici la fin de l'année des études sismiques qui permettront de continuer à évaluer le potentiel guyanais en hydrocarbures, après la découverte l'an dernier d'or noir par 6.000 mètres de profondeur.M. Thomé a souligné « la mobilisation unanime des élus guyanais et des socio-professionnels » (C'est quoi, sur le confetti guyanais, les socio-professionnels qui prétendent traiter avec les compagnies mondialisées ? NdTémoin).
José Gaillou, seul élu écologiste au conseil régional de Guyane (Guyane Ecologie, affilié à EELV), très isolé, opposé à la mise en œuvre des forages, a lui fustigé auprès de l'AFP cette « unité des élus guyanais en faveur d'une multinationale qui pille les ressources de la planète. L'urgence en Guyane n'est pas la recherche pétrolière. J'aurais aimé voir une telle unité derrière les problèmes plus urgents de logement, de santé et d'insécurité », a-t-il ajouté.
Shell est devenu le 1er février l'opérateur de ce projet pétrolier au sein d'un consortium qui regroupe outre Shell (45%), Tullow (27,5%), Total(25%) et Northpet (2,5%).
Alors, quid ?
Source : le Collectif Or Bleu contre Or Noir, http://or-bleu-contre-or-noir.org/
Le Collectif « Or Bleu Contre Or Noir » s'indigne du revirement de situation opéré pendant l'entre-deux tour des législatives. Une fois de plus « les pouvoirs publics ont montré leur incapacité à prendre des décisions responsables devant de puissants lobbies industriels ».
Nous dénonçons l'irresponsabilité d'un gouvernement qui après avoir indiqué que le cadre réglementaire et les garanties présentées étaient insuffisantes, est revenu sur sa décision sans aucune évolution de ce cadre, ni contreparties réelles.
Nous dénonçons également le soutien étonnamment unanime d'une majorité des élus locaux qui ont souhaité donner un coup de main à la multinationale Shell, alors que l'État tentait de mettre en place un cadre pour obtenir plus de garanties à la fois environnementales et économiques.
Quelle est cette stratégie politique, qui consiste à se précipiter pour brader la ressource pétrolière sans garantie, ni protection juridique, à une multinationale qui est impliquée dans plusieurs marées noires et qui a des démêlés avec la justice pour atteintes aux droits de l'Homme. C'est la stratégie du court terme, guidée par l'impatience des politiques qui souhaitent voir se réaliser un projet durant leur mandat. Pourtant ce dossier ne présente aucune urgence.
L'arrêt des prospections réalisées par Shell ne signifierait pas la fin d'un projet d'exploitation, mais donnerait le temps nécessaire à la maturation des technologies, à la négociation et à la mise en place d'un droit favorable au plateau des Guyanes.
Si nos politiciens régionaux et nationaux continuent à gérer les négociations avec Shell de cette façon, la Guyane pourrait bientôt connaître les maux de pays comme le Nigéria : corruption, pollution, difficultés à faire valoir ses droits en cas d?accident et creusement des inégalités. Nous, citoyens attendons plus de responsabilité de la part de nos représentants.
Quelles sont les vraies retombées économiques du pétrole ?...
Est-ce l'emploi ? Alors que l'on parle de 160 emplois directs et 600 indirects, dont une partie sera occupé par des cadres et des techniciens très formés du secteur pétrolier, et vraisemblablement pas guyanais.
Est-ce la fiscalité ? Alors que le représentant de Shell en Guyane a appris au Président Alexandre, en direct à la radio, qu'il n'était pas question que l'entreprise reverse des taxes à la Région (la TSC, taxe spéciale de consommation sur les carburants) du fait de sa situation en mer.
Est-ce la rente pétrolière ? Alors que les élus ont milité pour ne pas attendre la mise en place d'un cadre clair et avantageux pour la Guyane !
Il ne faut plus faire rêver la population avec des fantasmes de carburant bon marché et de création d'emploi. Il faut lui révéler les risques environnementaux qui sont pris notamment sur la ressource halieutique et la biodiversité marine.
Nous invitons le monde associatif, le monde de la pêche, le monde politique, du tourisme et tous les secteurs d'activités à partager notre combat contre ce projet et envisager un autre avenir pour la Guyane.
En bref
José Gaillou, seul élu écologiste au conseil régional de Guyane (Guyane Ecologie, affilié à EELV), très isolé, opposé à la mise en oeuvre des forages, a lui fustigé auprès de l'AFP "cette unité des élus guyanais en faveur d'une multinationale qui pille les ressources de la planète". "L'urgence en Guyane n'est pas la recherche pétrolière. J'aurais aimé voir une telle unité derrière les problèmes plus urgents de logement, de santé et d'insécurité", a-t-il ajouté.
Shell est devenu le 1er février l'opérateur de ce projet pétrolier au sein d'un consortium qui regroupe outre Shell (45%), Tullow (27,5%), Total(25%) et Northpet (2,5%).
Le sentiment du témoin : Beaucoup de bruit, trop au goût des pétrolières multinationales. Celles-ci ont, tout de même, beaucoup de casseroles au c... et nous nous sommes peut-être habitués un peu trop à leur manque de transparence et à leur tempérament prédateur (voir sur ce blog l'article Un brin d'herbe contre le goudron, en date du 3 juillet. Trop de bruit pour les instances locales qui ont signé à toute vitesse les accords que la ministre Nicole Bricq disait vouloir « remettre à plat » ?
Emplois induits, carburants moins chers, etc. tout cela pourrait bien, comme par le passé, être du pipo pour une partie de population trop confiante dans ses dirigeants locaux. Ou sont les emplois induits par Kourou ? Est-ce le petit commerce ? Nenni, il est sous monopole chinois. Les ouvriers embauchés pour la construction de la base ? Ceux qui sont encore vivants pointent au RSA depuis longtemps, ou bien ils sont morts. Quant à la nouvelle base Soyouz, Elle a été installée par de la main d'œuvre importée. Les cadres et les techniciens, eux sont logés au grand Hôtel du Fleuve, à Sinnamary. Pratiquement non utilisé depuis son ouverture, son gérant n'attendait que ce cadeau du ciel (c'est le cas de le dire) pour qu'il devienne enfin rentable.
Mais sur une plate forme de la Shell, à 200 km de nos côtes, gageons que nous ne verrons guère de « techniciennes de surface » guyanaises !
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