Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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MANDINGO

26/06/2013

Kyle Onstott,

traduit de l'américain par J.F. Roy

 

Alabama, dans les années 1830. Si l'Homme est un loup pour l'Homme, dans cet incroyable récit, l'esclave est également un loup pour l'esclave.

 

71lfBhdeIeL__SL1141_.jpgQuatrième de couverture : Falconhurst, la plantation des Maxwell, père et fils, est une ferme modèle, un haras dont la réputation dépasse les limites du canton. Le bétail y est bien traité, gras et musclé à souhait que l'on emmène à la Nouvelle-Orléans où « ces damnés Français » payent si cher les beaux spécimens.

Et ce sont vraiment de beaux spécimens que les nègres de Falconhurst : polis, obéissants, endurcis aux travaux des champs ou rompus au service domestique. Ils savent dire : « Oui, Maître », « Oui, Maîtresse » et déférer aux moindres désirs de leurs propriétaires. Moyennant quoi, ceux-ci leur accordent tous leurs soins. Levés les premiers, ils ne se couchent que lorsque tous les nègres ont eu leur content de nourriture. Et s'ils assistent aux ébats amoureux de leurs esclaves, c'est par conscience professionnelle, pour être bien sûrs de la qualité des produits qu'ils vendront. Le droit de cuissage existe aussi, et les Maxwell font des mulâtres à leurs négresses car les « jaunes » font prime sur tous les marchés de la région. L'ennui c'est qu'ils ont du « sang humain », ce qui crée chez eux une fâcheuse propension au marronnage et, quand ils sont très blancs, la possibilité inaccptable de « passer la ligne ».

Dans ce livre sans concession, blancs et noirs, maîtres et esclaves sont présentés sans aucun compromis. Tout y est, du sadisme des propriétaires, en passant par leur cruauté inimaginable, à la bestialité des esclaves, qui, privés de toute humanité se considèrent eux-mêmes comme des animaux.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit. La plantation régie par le vieux maître et son fils n'est, ni plus ni moins que le meilleur « élevage de nègres » de la région. La culture du coton n'est que le prétexte à l'occupation du temps des esclaves qui ne sont pas traités comme des bêtes : ce sont des bêtes au sens littéral du mot. Les mères (considérées comme des poulinières) n'éprouvent aucune gêne à se « faire couvrir » par leur propre progéniture ; les enfants éprouvent du plaisir à torturer leurs parents, allant même parfois jusqu'à demander à tenir le fouet lors des punitions et bien d'autres choses. Les maîtres, de leur côté, n'hésitent pas à leur infliger les pires sévices. Et, lorsqu'ils sont malades, c?est le vétérinaire qu'on appelle et non le médecin...

La question, devant tant d'horreur impudique, n?est plus de savoir si cela s'est ou non déroulé de la sorte. Sans doute oui en certains endroits, peut-être non ailleurs. En refermant ce livre, il nous faut impérativement retourner à la lecture de La Boétie et de Montaigne. Ce sont eux qui ont isolé le concept de servitude volontaire, ou comment l?image de soi qu'on nous donne au départ ou que l?on se forge par la suite justifie la domination sous laquelle on accepte de se placer.

Il faut garder à l'esprit que, après 1710, les esclaves forment entre 75 et 85% de la population, les blancs de 10 à 15%. Un groupe est encore à la marge : les « libres » (affranchis) : ils sont entre 5 et 10% de la population. Comment un tel déséquilibre numéraire a-t-il pu permettre la pérennité du système esclavagiste ?

D'autres fiches de lecture seront à l'occasion proposées sur ce blog pour nous amener à réfléchir à nouveau sur ce concept.

« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », disait La Boétie.

 

MANDINGO, Kyle Ontott

Traduit de l'américain par J.-F. Roy

Robert Laffont, 1964 (épuisé chez l'éditeur)

Il peut cependant être acheté d'occasion sur des sites de vente de livres en ligne :

A ma zone poing comme ou Ministre des prix poing comme en anglais.

Comme ça, voilà.

 



26/06/2013
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