Un Témoin en Guyane, écrivain - le blog officiel

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MOI, PRÉSIDENT DE LA BOLIVIE, SÉQUESTRÉ EN EUROPE...

06/08/2013

Le Président de la Bolivie, Evo Morales,

s'exprime dans les colonnes du Monde Diplomatique et du Point

Source : Borghesio

 

 

Les plaies ne sont pas cicatrisées après l'humiliation que les Européens ont fait subir au Président de la Bolivie...

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« L'incident », comme disent les Européens, a été considéré comme extrêmement insultant par le principal intéressé. Le 2 juillet, Le Président Evo Morales, chef d'un État souverain, rentrait d'un voyage diplomatique en Russie quand le Portugal, puis la France et l'Italie interdisent leur espace aérien à l'avion présidentiel. Morales a alors dû se poser de toute urgence à Vienne.

Pire, une fois sur place, l'ambassadeur d'Espagne en Autriche lui a proposé un nouveau plan de vol... À condition que le président accepte que son avion soit fouillé pour qu'on vérifiât que Snowden n'était pas à bord de l'appareil. Selon Evo Morales, ce fut l'affront de trop, touchant à la fois sa dignité et son honneur (tribune publiée dans l'édition du Monde diplomatique datée du mois d'août).

Evo Morales, qui n'entend pas en rester là écrit : « Violant tous les principes de la bonne foi et les conventions internationales, Washington a transformé une partie du continent européen en territoire colonisé. Une injure aux droits de l'homme, l'une des conquêtes de la Révolution française ». Pour lui, les choses sont claires : les États-Unis ont ordonné à des alliés dociles de tout faire pour stopper la supposée extraction d'Edward Snowden par Morales. Un scénario qui s'est vite révélé complètement faux.

Depuis lors, Paris, Lisbonne, Madrid et Rome ont présenté leurs excuses au dirigeant sud-américain. Excuses acceptées mais jugées insuffisantes et qui ne l'empêchent pas de s'emporter dans les colonnes du mensuel : « La séquestration d'un avion présidentiel et de son équipage - que l'on est en droit d'estimer impensable au XXIème siècle - illustre la survivance d'une forme de racisme au sein de certains gouvernements européens » (on n'oubliera pas que Morales est un « indigène », le seul Président latino-américain dans cette situation depuis le décès d'Hugo Chavez). Il précise : « l'obéissance aux ordres qu'on leur donnait confirme que ces pays sont soumis à l'impérialisme américain [...] La peur, le chantage et l'intimidation sont les instruments de la puissance des États-Unis. De quoi démontrer que la « guerre contre le terrorisme » aura réduit la vieille Europe au rang de colonie ».

Pour la France, les conséquences seront lourdes alors qu'elle voulait développer ses partenariats industriels et commerciaux avec l'Amérique du Sud (Total risque de se voir définitivement fermer les portes d'un pays à fort potentiel, gaz et pétrole). Cette décision imbécile prise, paraît-il, par une sous-fifre d'Ayrault agissant de son propre chef met à mal les objectifs de sa diplomatie économique dans tout le sous-continent (étrange gestion de personnel... confier la diplomatie française à une subordonnée incompétente pendant toute une nuit !).

« Une humiliation pas seulement pour la Bolivie, mais pour toute l'Amérique du Sud », a renchéri la présidente argentine Cristina Kirchner, là où Paris n'a voulu voir qu'un « incident »... et le Brésil n'en pense pas moins. « L'avion aurait été celui du président chinois, il serait passé, c'est évident », affirme à l'AFP Jean-Jacques Kourliandsky, de l'Institut de relations internationales et stratégiques à Paris.

« Ce qui a été mal analysé par les Européens, c'est le fait que la Bolivie n'est pas simplement la Bolivie. Il y a maintenant des réseaux assez solides de soutien mutuel entre les pays sud-américains et lorsqu'on prend des mesures considérées comme vexatoires à l'égard de l'un d'eux, immédiatement on se trouve non pas face à un pays, mais face à un bloc, de plus en plus homogène ».

Et si la Bolivie en veut beaucoup plus à la France, c'est justement parce que les précédents chefs d'état de notre pays se sont toujours moins alignés que les autres pays occidentaux (Sarkozy excepté, mais s'il se rangea sur une ligne franchement atlantiste et s'il se montra grossier avec le Brésil en réduisant une visite d'état prévue pour durer 48 heures à une demi-journée. Au moins il ne créa pas les conditions d'un affront diplomatique caractérisé...).

Auparavant, Paris n'avait pas ménagé sa peine pour faire savoir que la France désirait devenir un partenaire de premier plan de l'Amérique latine : au sommet UE-Amérique latine à Santiago du Chili, en janvier, Ayrault avait plaidé pour « un nouvel élan ». Le mois suivant, Fabius, en Colombie, au Pérou et au Panama, parlait d'une « priorité » pour la France. L'offensive française devait encore monter en puissance avec des visites de Laurent Fabius au Mexique et d'ici la fin de l'année au Brésil. Tout cela ruiné en une nuit...

 

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On se souviendra que lorsque Reagan, en violation flagrante du droit international, organisa en son temps un blocus terroriste de Managua, capitale et port principal du Nicaragua, c'est la Marine française, sur une décision de Mitterrand prise en vingt-quatre heures, qui démina les chenaux.

À l'époque, le retentissement auprès des Latino-américains fut immense : la France ne fut pas « sanctionnée » et Reagan se le tint pour dit...

 



06/08/2013
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