INDIENS DU BRÉSIL : NE LES OUBLIONS PAS !
04/07/2016
« Une véritable pandémie de suicides chez les jeunes Indiens »,
selon un rapport mené par la Faculté de Sciences sociales Flacso Brazil
Source : http://www.cimi.org.br/site/pt-br/
Mis en ligne par : Por Renato Santana, Assessoria de Comunicação - Cimi
Traduction : Joël Roy
Le suicide des enfants et des jeunes autochtones au Brésil a été classifié comme pandémie par les chercheurs du Programme d'Études sur la Violence en Amérique latine, mené par la Faculté de Sciences sociales Flacso. Publié jeudi 30 juin, le rapport « Mort Violente des Enfants et des Adolescents brésiliens » il apparaît que dans au moins une commune, 100 % du total de suicides parmi des habitants du pays est arrivé dans la catégorie des 10-19 ans. Dans les 17 communes comptant un nombre égal ou supérieur à dix mille enfants et jeunes, compte tenu de la forte densité de population autochtone, 327 jeunes au-dessus de 20 ans se sont suicidés entre 2009 et 2013. Ce qui fait qu’au total, 163 enfants et les adolescents ont attenté à leur propre vie - la moitié du nombre final et le plus élevé par rapport à toutes les autres tranches d'âge réunies.
La cible du rapport n'était pas la population autochtone. Cependant, quand les données concernant cette population sont apparues, la stupeur s’est installée parmi les chercheurs qui ont décidé d’en faire un échantillonnage spécifique.
« Nous voyons dans les communes inventoriées que les suicides chez les 10-19 ans représentent 33,3 % des cas recensés à São Gabriel da Cachoeira (État d’Amazonas) et 100 %, à Tacuru (État du Maro Grosso do Sul). « La population autochtone se trouve confrontée à une véritable pandémie de suicides de ses jeunes », met en évidence le rapport. Dans le Mato Grosso do Sul, les chercheurs relèvent un taux de suicides de 5,2% d'enfants et de jeunes pour 100 000 habitants. Dans l'Amazonas, le prix payé est de 4,0%. Cette « pandémie » de suicides dans ces états atteint de façon tragique les enfants et les jeunes autochtones, comme l'ont mis en évidence les chercheurs. L’Amazonas et le Mato Grosso do Sul sont les deux états présentant le plus de communes impliquées dans le suicide parmi cette tranche d'âge.
La recherche s'est penchée sur huit communes de l'Amazonas et neuf du Mato Grosso do Sul. Parmi les critères premiers se trouvait la forte densité de populations autochtones. « Les communes qui apparaissent en premier sur les listes de mortalité par suicide sont celles qui comptent les plus larges communautés autochtones, comme São Gabriel da Cachoeira, Benjamin Constant e Tabatinga (Amazonas); Amambai et Dourados (Mato Grosso do SUl)", selon l'étude. De 74,1 % des habitants du pays qui se sont suicidés dans Tabatinga, dans l'Amazone, entre 2009 et 2013, 50 % étaient des enfants et des jeunes. Dans ces communes amazoniennes, on trouve une grande diversité de populations d’origine amérindienne.
À Caarapó (MS do Sul), où s’est déroulé le 14 juin dernier l’assassinat de deux autochtones par des fermiers contre le tekoha Tey'i Jusu (voir mon article publié le 20/06/2016), 75% des suicides, entre 2009 et 2013, concernaient des autochtones. Parmi ces 75%, on a dénombré 55,6% d’enfants et de jeunes entre 10 et 19 ans, alors qu’au total, les 10-19 ans ne représentent que 41,7% de la population totale de ce tekoha. Toujours dans le MGdS, à Japorã, des 87% des habitants du pays qui se sont suicidés, 70% étaient des enfants et des adolescents. Ce chiffre est à mettre en perspective avec celui des données générales sur le suicide dans cette commune : 60,9 %. À Ponta Porã on en a compté 71,4% dans cette tranche d'âge, alors que 20,6% du total de cette population est autochtone et représente 14,7% du total des suicides de la ville. Dans la ville de Paranhos les enfants et les jeunes ont représenté 60% des suicides des habitants du pays alors qu’ils comptent pour 30% de la population de la ville, passée à l’acte entre 2009 et 2013. Les villes du Mato Grosso do Sul citées dans l'étude comprennent presque exclusivement des Guarani et Kaiowá.
Pour Elizeu Guarani-Kaiowá, membre d’Aty Guasu (l’assemblée Guarani et Kaiowá) qui, en mai dernier dénonçait à la tribune de l’ONU les violations des droits de son peuple), le suicide n'est pas partie intégrante « de la culture » Guarani. « Beaucoup de gens disent le suicide chez les gens de mon peuple a toujours existé, qu’il fait partie de notre culture. Ce n'est pas vrai. Cela a commencé après que nous avons été expulsés de nos terres), forcés de vivre enfermés dans des réserves, sans perspective, au bord des routes », a déclaré Elizeu à l'occasion de la rencontre avec la Commission spéciale pour les Droits des Peuples Autochtones des Nations unies, à New York.
Le suicide : un abîme pour se perdre
« Il y a des suicides dans le monde entier - mais quand, en même endroit et en même temps, beaucoup de monde en est victime, c'est qu'il s'agit d'un événement très sérieux. Pour une population de moins de cinquante mille personnes on dénombre chez les Guarani et Kaiowá plus de 1.100 cas dans les 35 dernières années ». L'intervention appartient à l'anthropologue Spensy Pimentel. Ce professeur de l'Université Fédérale du Sud de Bahia mène des recherches, il est nécessaire de considérer que « les habitants du pays dans le pays suivent une période de rétablissement démographique en fonction de plusieurs facteurs. Si vous analysez les chiffres officiels de tables du système de santé et d'IBGE et que vous montrez l'âge des habitants du pays, vous découvrirez que les enfants et les jeunes sont la majorité absolue », affirme-t'il. Pour l'anthropologue, qui est un peu pour examiner un thème aussi complexe que le suicide, qui implique plusieurs autres facteurs, mais cela peut être un important indicateur expliquant les raisons qui touchent ces enfants et ces jeunes.
Cette sociabilité relativement nouvelle des villages en proximité des villes, tout d'abord, combinées à l'atmosphère de pauvreté et le manque de ressources et de perspectives de vie, confirme l'anthropologue, dans sa perception d'autres aspects, comme un écroulement du mode traditionnel de travail comme e l'organisation des mariages. Il « se produit là une instabilité qui est aussi liée aux suicides. Mais, cela vaut la peine de noter que le fond du problème est toujours le cercle vicieux qui empêche de séparer les choses. Les tragédies arrivent aussi parce que l'atmosphère est très détériorée », dit-il.
Confinement et manque de terres
Pour l'anthropologue, « les suicides, les meurtres banaux, les agressions, les vols, l'abus d'alcool et des drogues sont monnaie courante désormais dans les réserves ». Dans le Mato Grosso do Sul, ce sont de petites superficies où les habitants du pays ont été enfermés au moment de leurs expulsions de leurs territoires. Il explique qu'il a pu vérifier cela dans les témoignages des habitants du pays et possède ainsi une série d'enregistrements historiques. « Il n'est pas faux que des faits similaires ont existé. Le problème est que les choses se sont emballées de façon non contrôlée, épidémique même. Les suicides, par exemple : les plus vieux se rappellent avoir vu parfois un cas... touchant un enfant ou un jeune. Soudainement, depuis le début des années quatre-vingt, ils sont des douzaines de cas ! »
« Le manque de démarcation territoriale est directement lié au fait que la situation soit endémique. L'existence physique des Indiens du Mato Grosso, et particulièrement des Guarani et Kaiowá, est placée d'emblée dans une perspective à risque. La relation entre la violation du droit territorial et les violations de droits de l'homme est directe. Oui, les réserves sont ici une atmosphère qui maintient les habitants du pays dans une existence conditionnée, les transformant en êtres capables d'organiser leur propre destruction et menaçant leur intégrité physique et mentale ».
Pour le spécialiste, « l'État brésilien est un des promoteurs principaux de ce contexte quand, en réalité, il devrait œuvrer pour le soin et la protection de ceux dont les modes de vie pluriels sont les plus différenciés. Ce que l'État brésilien fait avec ces habitants du pays est une attaque, parce qu'il les abandonne dans un statut d'indigène sans qu'ils puissent être acceptés comme des citoyens. Il les met dans une telle situation qu'il est inévitable, pour beaucoup d'entre eux, d'abandonner leurs valeurs traditionnelles les plus chères. À partir de là, les fractures deviennent inévitables.
« Les Guarani sont un peuple qui, selon les rapports des chroniqueurs, a accueilli de manière amicale les Européens à leur arrivée au XVIè siècle. Ils ont maîtrisé les techniques d'agriculture qui leur ont garanti une vie saine et équilibrée. Aujourd'hui, beaucoup n'ont même plus de terre à cultiver, parfois tout juste une demi-douzaine de pieds de manioc. Ils sont affamés, ils dépendent des donations du gouvernement... qui les impacte d'une façon directe ».
Il y a un contexte qui entraîne et explique la pandémie de suicides d'enfants et de jeunes gens autochtones dans le pays, selon l'étude de Flacso. Le Tribunal Régional de la Première Région de Brasília a décidé le 22 juin dernier la saisie des biens, pour une valeur totale de cinq millions de R$, de dix accusé par les crimes de viol d'abus sexuels sur personnes vulnérables, enfants et adolescents indigènes de la commune de São Gabriel da Cachoeira, à 860 kilomètres de Manaus, au nord de l’état d'Amazonas.
Les dix accusés ont été arrêtés en 2013 par la Police Fédérale. Selon l'accusation du MPF, le Service de poursuite fédéral, ils sont accusés de crimes tels que détournement de mineurs, actes lubriques en présence d’enfant ou d'adolescent, entraînement à la prostitution de personnes vulnérables et complicité (pour échapper aux poursuites pour proxénétisme). Dans le groupe il y a des commerçants, des fonctionnaires et des politiques locaux. Deux femmes sont accusées d’avoir rabattu des filles indigènes pour le groupe de criminels. À São Gabriel da Cachoeira, entre 2009 et 2013, selon le rapport de Flacso, du total de suicides enregistrés 91,7 % sont des habitants du pays, dont 33,3 % d'enfants et des jeunes indigènes. Un chiffre à rapprocher du nombre total de suicides dans la commune, 30,6 %, qui ont touché des enfants et de jeunes indigènes qui n'avaient pas d'alternative pour sauver leur propre vie.
D'après un article mis en ligne par le CIMI
(Conselho Indigenista Missionário)
En 2014, 135 suicides ont été recensés. C'est le nombre le plus élevé de ces 29 dernières années. Dans le seul état du Mato Grosso do Sul, pas moins de 707 Indiens se sont ôté la vie entre 2000 et 2014.
La Présidente Dilma invalidée, tous les pouvoirs, fédéral et locaux sont entre les mains du président par intérim Temer et du Sénat, dont les membres sont en très grande majorité corrompus et/ou impliqués dans des crimes de droit public et des malversations financières.
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