LA FIÈVRE DE L'OR
18/02/2014
Une pathologie propre à la Guyane ?
Source : Thierry Maquaire
http://www.lekotidien.fr/
Telle la dengue, la « fièvre jaune » est une pathologie propre à la Guyane depuis de nombreuses années.
Pour essayer de mieux comprendre en quoi l'orpaillage nous ronge, il faut avoir en tête certains points très précis, des évidences, en quelque sorte :
- Le prix : Le kilo d'or vaut aujourd'hui environ 31.000 euros contre 10.000 il y a 10 ans.
- Notre environnement géographique :
- Le Suriname : Un PIB par habitant de 40% inférieur au nôtre, une économie encore balbutiante dominée dans des proportions énormes (on parle de 40 à 60%) par l'argent "sale" et la corruption ;
- Le Brésil : Para et Amapa sont parmi les états les plus pauvres du Brésil mis en coupe réglée par des politiciens corrompus ;
- Notre propre configuration géographique : 90.000 Km², une vie concentrée sur le littoral avec une population très jeune, fortement touchée par le chômage et une richesse potentielle de notre sous-sol unique sur l'ensemble du territoire national.
Ces quelques points d'information, bien évidemment succincts, sont pourtant essentiels pour prendre conscience de la complexité d'un tel dossier. Il faut donc prendre le temps et ne jamais se fier à des effets d'annonce tels qu'ils peuvent être faits régulièrement par nos politiques locaux ou nationaux. Il faut bien comprendre mais aussi considérer l'avenir de la filière or, dont les enjeux vont bien au-delà de l'installation de miniers légaux ou de la création d'une compagnie nationale des mines.
- Harpie, un échec qui ne veut pas dire son nom
Annoncé à grand renfort de communication, la pérennisation du dispositif arrive aujourd'hui au terme de son efficacité malgré certains résultats obtenus dans la lutte contre l'orpaillage illégal et la sauvegarde de l'environnement.
Comme les maladies invasives, la fièvre de l'or et sa traduction en orpaillage clandestin, évolue en fonction de la stratégie du médecin. Aujourd'hui le corps médical ne peut constater qu'une chose : Les cellules malignes se sont généralisées et les traitements et opérations réalisées depuis plusieurs années ne sont plus adaptés.
Si, au cours des deux dernières années, la coopération entre armée et gendarmerie (création d'un état-major commun) ainsi qu'avec les autorités judiciaires et administratives, ont donné quelques résultats (fort modestes, il faut le dire NdTémoin), nous devons reconnaître qu'Harpie n'aura permis que de contenir le phénomène mais en aucun cas de le diminuer et encore moins de l'éradiquer.
Il semble que, sur ce point, l'ensemble des acteurs, forces d'intervention, pouvoir judiciaire et représentants de l'Etat soient d'accord.
Les résultats sont eux-mêmes difficiles à quantifier et peuvent facilement prêter à polémique...
Que représente le « marché » de l'or guyanais ?
Les chiffres qui circulent donnent environ dix à vingt tonnes extraites illégalement, soit la bagatelle de 300 millions d'euros chaque année. À titre de comparaison la masse d'or fiscalement connue est, bon an mal an, d'une à 2 tonnes et, rions un peu (jaune) les saisies représentent huit à dix kilos chaque année.
Nous devons reconnaître l'orpaillage comme une activité économique avec, comme toute autre, des règles liées à la rentabilité. Mais il faut avouer qu'un marché pesant 300 millions encourage les pratiques mafieuses...
Les garimpeiros ont longtemps été vus comme de petits entrepreneurs mais il s'avère que, de la même façon que pour l'économie légale, l'orpaillage clandestin obéit à des règles simples. Et la première d'entre elles est le financement de l'activité et donc de la trésorerie.
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